Festival «Culturescapes Israel» en Suisse: pas en notre nom!

27.09.2011

Categories: Boycott culturel

Le festival culturel suisse Culturescapes de cet automne aura comme invité principal Israël, à la demande de son ambassade à Berne, comme le reconnaîtra le directeur de cette manifestation lors d’un débat public à Acre. Cela au moment où, au niveau mondial, une opinion publique critique, des spécialistes renommés du droit international public et d’autres personnalités demandent avec force qu’Israël rende compte de ses violations des normes du droit international et où la société civile palestinienne appelle à soutenir la campagne « Boycott, désinvestissement et sanctions » (BDS). Pour de nombreux activistes, il était évident que ce festival ne pouvait se tenir sans protester.

 

La critique du festival

En décembre, un groupe de militant·e·s s’est réuni pour la première fois au niveau national pour discuter de la marche à suivre; il prit contact avec la campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel (PACBI) et avec le groupe israélien Boycott from Within (BWF). Le directeur de Culturescapes, Jurriaan Cooiman, reçut alors les premières lettres de protestation. Au printemps, BDS Suisse publia une lettre ouverte adressée à Culturescapes et à environ 60 partenaires institutionnels et sponsors du festival, parmi lesquels Pro Helvetia, la Fondation Christoph Merian, des autorités cantonales et des responsables politiques. Il leur fut demandé de renoncer au déroulement du festival dans ce cadre ou de se retirer du projet. La lettre fut publiée sur le site de la campagne BDS CH, avec des informations de fond et un commentaire sarcastique de la militante israélienne Tali Shapiro. […]

La critique du festival concerne le cadre institutionnel de la manifestation, c’est-à-dire la participation de l’Etat israélien. Culturscapes veut être un projet progressiste d’échanges culturels, mais se transforme ainsi en auxiliaire de la stratégie officielle de relations publiques de l’Etat israélien. La mise en avant de la créativité et de la diversité culturelles doit volontairement faire écran à la destruction systématique de la culture et de la société palestinienne. Des groupes allemands de la campagne BDS ont demandé au centre culturel du Burghof de Lörrach de renoncer à sa participation au festival et le Forum pour les droits humains Israël/Palestine a également pris une position critique. BDS CH exigea en outre que la présidente de la Confédération, Micheline Calmy-Rey, et le président du gouvernement bâlois, Guy Morin, se retirent du comité de patronage. Leur soutien actif est d’autant plus problématique que la Suisse, et le canton de Bâle encore moins, n’ont rien entrepris d’efficace pour véritablement protéger les droits de la population palestinienne et pour l’application du droit international public. Des membres de l’organisation Basta !, qui participent à l’Alliance verte avec Guy Morin, se sont aussi exprimés de manière critique sur la participation de leur magistrat.

 

Une responsabilité éthique

La lettre ouverte a provoqué un débat nourri à Culturescapes et auprès des institutions partenaires. Début juin, des représentant·e·s de BDS CH ont été invités à une discussion avec Culturescapes; ils purent présenter une fois encore leurs critiques devant 25 représentant·e·s des institutions participantes et répondre aux arguments des organisateurs du festival. A cette occasion, il fut frappant de constater que nombre d’organisateurs acceptaient certes la dimension politique de la culture, mais éludaient leur propre responsabilité éthique dans le choix des partenaires en renvoyant à la capacité critique du public et des artistes invités.

La campagne eut toutefois un écho : certains organisateurs se sont retirés du festival 2011, en partie pour des motifs explicitement politiques. Des artistes ont aussi renoncé à se produire. Le trio Joubran, composé de trois musiciens palestiniens d’Israël, s’est décommandé après avoir pris connaissance du cadre institutionnel de l’invitation.

En septembre, un débat public devra aborder la question de la dimension politique de la culture et la signification du boycott culturel. Les manifestations du festival donneront la possibilité de s’adresser, par le biais d’une protestation créative, à un public culturellement intéressé. Dès maintenant, toutes et tous peuvent participer à la protestation silencieuse du 14 septembre, jour de la manifestation d’ouverture au Théâtre de Bâle.

 

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